Question : 05. Qu'est-ce qu'une personne humaine?

Pour les croyants, Dieu s’adresse à des personnes et non à des individualités organiques. Pour la science contemporaine, au contraire, l’homme n’est que le produit de l’évolution. Le droit positif proclame pourtant la dignité de la personne humaine. Or, si la personne n’est rien de plus qu’un matériau de l’univers comme un autre, pourquoi l’homme « vaudrait-il » davantage ? Qu’est-ce qui fait d’un individu de l’espèce homo sapiens une personne ? Convient-il de reconnaître nécessairement l’existence d’une « composante » de nature spirituelle de l’être humain, irréductible à ses conditionnements biologiques ? Si oui, quelle est la nature de cette « composante » et d’où lui vient-elle ?

La notion de personne est généralement associée à celle de relation. Mais qu’en est-il alors de l’être qui n’a pas encore, ou n’a plus, la possibilité d’entrer en relation (fœtus, nouveau-né, handicapé mental, coma) ? La science peut-elle apporter une réponse définitive à cette question ? La personne se réduit-elle à son apparence ou à ce qu’elle fait ?

La personne s’exprime à travers divers attributs que l’on désigne par des concepts comme la chair, le coeur, l’âme ou l’esprit. Ces concepts ont-ils encore un sens face au développement des neurosciences ? D’un point de vue scientifique, il semble désormais possible de réaliser une copie numérique complète du cerveau. Allons-nous bientôt rencontrer des créatures bioniques qui affirmeront être conscientes et à qui nous finirons par reconnaître une personnalité ? Fabriquera-t-on jamais une personne ? Qu’en est-il vraiment ?

Refuser à l’homme sa qualité unique de personne ne conduit-il pas naturellement à lui refuser toute dignité et à le réduire à un simple élément d’un ensemble (espèce, race, ethnie, clan) qui le conditionne et le surdétermine ? Il n’est alors pas absurde d’affirmer, comme le fait le philosophe américain Peter Singer, qu’« un chimpanzé ou un cochon, par exemple, se rapproche bien plus du modèle d’être autonome et rationnel qu’un nouveau-né (humain)». Mais dès lors que le caractère unique du genre humain est mis en question, y a-t-il encore une raison d’accorder un droit de vie particulier à un embryon ou à un nouveau-né. « Tuer un nouveau-né n’est pas équivalent, du point de vue moral, à tuer une personne » et « l’avortement post-natal » devient alors légitime. Sans transcendance, y a-t-il encore de l’humain ? (Peter Singer, La Recherche, octobre 2000 ; Alberto Giubilini et Francesca Minerva, 2011)

Par ailleurs, le droit positif (Déclarations des Droits Humains) suffit-il à rendre compte de la dignité de la personne ? N’est-ce pas plutôt parce que cette dignité est inhérente à sa nature et que celle-ci ne se réduit pas à sa physiologie ou à ses comportements, que l’homme revendique des droits ? La science suffit-elle à fonder une éthique ou n’est-il pas nécessaire d’admettre l’existence d’un principe garantissant le caractère absolu et invariant de la personne ?

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