Guérison de Soeur Bernadette Moriau – perspectives scientifiques et historiques

En complément de l'entretien d'hier avec Soeur Bernadette Moriau, "70e miraculée de Lourdes", nous présentons quelques vidéos et articles au sujet des guérisons en lien avec Lourdes, dont une présentation faite le 5 juillet 2018 par Bernadette Moriau, son médecin traitant Christophe Fumery, le président du Bureau Médical de Lourdes Alessandro de Franciscis et l'évêque de Beauvais Mgr Benoît-Bonnin. Durée 51 minutes, niveau grand public. Pour plus de détails, cliquez sur le titre de cet article. Photo: Roland Darré / Wikimedia Commons.

Vidéo enregistrée le jeudi 5 juillet 2018, à 20h30, en l’église Sainte-Bernadette du Sanctuaire de Lourdes, avec l’évêque de Beauvais, Mgr Benoît-Gonnin; Sœur Bernadette Mouriau; le Docteur Christophe Fumery, médecin traitant de Sœur Bernadette, et le Docteur Alessandro de Franciscis, président du Bureau des Constatations médicales de Lourdes. Vidéo du Sanctuaire Notre-Dame de Lourdes.

Entretien ARTE 28 minutes “Les confessions du Docteur Miracle”. Le Dr Alessandro de Franciscis explique le fonctionnement du Bureau des Constatations médicales de Lourdes et ses relations avec l’Eglise catholique.

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Recension:

Laëtitia Ogorzelec-Guinchard, Le miracle et l’enquête. Les guérisons inexpliquées à l’épreuve de la médecine, préface de Robert Damien. Paris, Presses Universitaires de France, 2014.

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Point de vue agnostique:

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L’argument assez intéressant de Bronner consiste à dire que les “guérisons” inexpliquées de Lourdes pourraient être des événements certes hautement improbables mais explicables statistiquement (au même niveau que les rémissions spontanées de maladies graves constatées de temps en temps dans les hôpitaux) par la grande taille de l’échantillon, c’est-à-dire le nombre de pèlerins au Sanctuaire. Il reconnaît pourtant que cet argument ne tient que s’il s’agit de guérisons improbables plutôt qu’impossibles, même le plus grand échantillon statistique ne pouvant produire ces derniers. Puisque de tels phénomènes (résurrections, des membres amputés qui repoussent) ne se sont produits à Lourdes, Bronner conclut qu'”Avant qu’un tel événement ne se produise, on aura plutôt intérêt à percevoir ces faits hautement improbables comme la seule manifestation du hasard.”

Ici on pourrait quand même se poser la question de la neutralité des prémices de l’auteur – pourquoi aurait-on intérêt à interpréter un cas comme celui de Bernadette Moriau comme le fruit du hasard? Quel intérêt, sauf celui de garder intact le paradigme du matérialisme scientifique, paradigme qui (en tant que conclusion ontologique plutôt que simple principe méthodologique) est lui-même impossible à prouver scientifiquement? Et si nous écoutons attentivement le témoignage de la franciscaine guérie dans la vidéo du 5 juillet 2018, il est clair qu’il ne s’agit pas uniquement de la découverte passive d’une rémission spontanée mais d’un acte de foi:

“J’ai une voix intérieure qui m’a dit: “enlève tes appareils”. Et c’est vrai que, dans un acte de foi, sans discuter, j’ai pensé à Jésus quand il dit au paralytique: “Lève-toi, prends ton grabat et marche.” Et là aussi, c’est une expérience de foi, mais je dirai que je suis incapable de vous dire qu’est-ce qui s’est passé. Toujours est-il que j’ai tout enlevé, et quand j’ai enlevé tout l’appareillage de la jambe, mon pied était redressé, et j’ai enlevé le corset, et je pouvais bouger sans douleur.” (14:55 – 15:40)

Hasard ou miracle? Aux lecteurs de juger, mais pour un argument basé sur les probabilités, il conviendrait peut-être de dire que notre estimation de la probabilité relative des deux causes possibles ici ne dépend pas de la seule science mais plutôt de nos présupposés métaphysiques. Et si la constatation d’un miracle exige un événement “impossible” (ce qui est philosophiquement discutable), Bronner oublie de préciser qu’à la base du phénomène de Lourdes se trouve bel et bien l’affirmation d’une chose proprement impossible pour le matérialisme scientifique: l’apparition d’une Dame d’en dehors de ce monde à Bernadette Soubirous en 1858, une vision mystique invérifiable par la science mais qui a néanmoins laissé une trace – des paroles (en patois) mystérieuses de la part de l’apparition et rapportées par la jeune Bigourdane. Paroles que Bernadette ne comprenait absolument pas et qu’elle n’avait aucune raison d’inventer, paroles décisives pour l’approbation des apparitions de Lourdes par l’Eglise:

“Que sòi era Immaculada Concepcion” (“Je suis l’Immaculée Conception”)

PB